L’humilité

L’humilité…

Quel vaste sujet que celui-là ! J’en connais qui devraient bien revoir leur copie…et comprendre que le vrai talent n’a pas besoin d’un orgueil démesuré pour exister. Il est désolant de constater que beaucoup se figurent avoir besoin d’écraser leurs semblables pour faire partie de ce qu’on appelle communément « le dessus du panier ».

L’humilité c’est d’abord rester accessible même quand la nature vous a doté d’un don quelconque ou d’un physique avantageux. L’orgueil et la suffisance mènent à bien des dérives, à commencer par un manque total de correction en société et par un regard hautain et indifférent sur les autres. J’en ai vu, j’en vois et j’en verrai encore de ces gens imbus d’eux-mêmes, forts d’une incroyable grandiloquence, auxquels il faut une cour omniprésente et asservie.

Pourtant l’humilité n’est pas synonyme de soumission. Elle est seulement une porte ouverte sur le partage de la connaissance, sur l’entraide et sur l’échange. Elle permet ce geste fabuleux d’une main tendue vers une autre main tendue. Elle vous transporte vers des horizons insoupçonnés, vers d’autres milieux culturels et vous fait accéder à des mondes enchantés ignorés par la bêtise de l’orgueil.

Quand je prononce ce mot d’humilité, je repense à ma Mère, une femme belle jusqu’au fond de son âme et qui savait si bien se frotter à toutes les couches de la société. Où qu’elle fut, elle ne changeait jamais sa façon d’être d’un iota. Elle était juste elle, envers et contre tous. Vive d’esprit et dotée d’un regard aigu sur son entourage, elle voguait d’un monde à l’autre avec une aisance absolue parce qu’elle ne se posait jamais la question de savoir quelle image elle pouvait donner. C’était le cadet de ses soucis. C’est ainsi que je l’ai vue passer d’un bal du gouverneur à une case en terre de lépreux, avec le même sourire, la même douceur, le même langage. Son humilité était sa clé, celle qui lui ouvrait toutes les portes de la vie.

L’humilité, pour moi, aura toujours son visage.

Annie Kubasiak-Barbier

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